FloriLettres - n°162 - « Mon chemin vers Chaplin »

 FloriLettres - n°162 - « Mon chemin vers Chaplin »
01 mars 2015

« Mon chemin vers Chaplin »

« Qu’est-ce que j’aimais le plus en lui ? Le metteur en scène génial ? L’auteur, le compositeur et le producteur ? Ou bien était-ce ce personnage de vagabond, de gentleman, poet, dreamer — always hopeful of romance, comme il s’était une fois caractérisé lui-même ? » Dans la famille de Patrick Roth on aimait à citer Charlie Chaplin, les aventures de Charlot soulevaient toujours l’enthousiasme. Enfant, l’écrivain allemand, adorait les farces et l’étonnante vitalité de ce personnage attachant. Quelque chose de cette jubilation va persister. Il obtient une bourse pour étudier la langue et la littérature anglaises à l’université de Californie, mais se passionne davantage pour le 7e art réalisant avec d’autres étudiants du département cinéma des films en super-huit inspirés du style des réalisateurs qu’ils admirent. La projection des Lumières de la ville dans un vieux cinéma de Los Angeles, lui fait une telle impression qu’il a la révélation que sa place est bien ici dans cette ville, à creuser un sillon cinématographique, tout comme Chaplin avant lui. Il a alors vingt-deux ans, et de retour en Allemagne pour les vacances de Noël, il décide de se rendre à Vevey en Suisse dans l’espoir de pouvoir approcher le vieil homme qui a bouleversé son existence. Patrick Roth garde de ce 1erjanvier 1976 le souvenir d’une journée magique, de « merveilleux hasards » qui lui ont permis de s’introduire dans le manoir de Chaplin, d’y déposer en mains sûres la lettre qu’il a écrite dans le train et de se sentir connecté l’espace de quelques instants à cet artiste de génie. Car pour le jeune homme qu’il était alors, le but de ce voyage « était bien d’être entendu, de toucher et d’être touché. »

                                                                                                    Élisabeth Miso