Poezibao - Rencontre : Jean-Luc Sarré, Florian Rodari, Antoine Jaccottet

 Poezibao - Rencontre : Jean-Luc Sarré, Florian Rodari, Antoine Jaccottet
29 octobre 2010

Rencontre : Jean-Luc Sarré, Florian Rodari, Antoine Jaccottet

Hier soir, jeudi 28 octobre 2010, à Paris, la librairie Tschann, les éditions La Dogana et les éditions Le Bruit du temps invitaient les lecteurs à rencontrer Jean-Luc Sarré à l’occasion d’une double parution récente : Comme si rien ne pressait, des carnets, dont Antoine Emaz à rendu compte dans Poezibao, livre publié par Florian Rodari en ses éditions de La Dogana, et Autoportrait au père absent, des poèmes, publiés par Antoine Jaccottet, au Bruit du temps. 


De gauche à droite : Antoine Jaccottet, Jean-Luc Sarré, Florian Rodari
Photo ©florence trocmé

Dans l’ambiance toujours très chaleureuse de la librairie Tschann, accueillis notamment par la libraire Muriel Bonicel, les auditeurs parmi lesquels on comptait un nombre impressionnant de poètes et d’écrivains, se sont regroupés autour de Jean-Luc Sarré, encadré de ses deux éditeurs, l’un, Florian Rodari portant un pull orangé, l’autre Antoine Jaccottet un pull vert. Belle harmonie colorée pour ce moment de rencontre. Florian Rodari a ouvert la lecture par une courte présentation de Jean-Luc Sarré, qu’il connait depuis les années 70 alors que la Revue de Belles Lettresavait reçu puis publié quelques textes de Jean-Luc Sarré et que les deux hommes avaient vite trouvé un terrain d’entente autour de la figure de Jean Tortel. Lorsque Florian Rodari a fondé sa maison d’édition, La Dogana, c’est tout naturellement que Jean-Luc Sarré est venu se ranger parmi ses auteurs, d’abord avec Embardées en 1994, plus tard avec La Part des Anges (2007) et donc aujourd’hui avec des carnets, Comme si rien ne pressait, Carnets 1990-2005. Quinze ans de notes au jour le jour, terreau de futurs poèmes ou « anecdotèmes » comme Jean-Luc Sarré appelle ses textes poétiques et narratifs. Florian Rodari souligne chez l’auteur le goût du « comme si », ce qu’il appelle également l’hypothèse concessive : comme si rien ne pressait, comme si tout allait bien, manière de prendre de la distance aussi par rapport à ce qu’on écrit. Il lit un poème d’Embardées et quelques pages des Carnets, ce qui suscitera chez Jean-Luc Sarré, sans qu’il faille y voir la moindre posture d’écrivain, une petite moue sceptique. 

Voici un dehors rarement apaisé. Même en l’absence de vent, une lumière violente malmène les collines qui ne sont plus à mains endroits que du caillou. Ce ne sont pas les collines qui sont malmenées, mais mon regard, mes yeux. Cette dernière phrase vient de mettre provisoirement fin à une qualité de relation (Comme si rien ne pressait, La Dogana, 2010, p. 200).

Puis c’est au tour d’Antoine Jaccottet de parler de Jean-Luc Sarré. Il évoque une sorte de partage amical de l’auteur avec La Dogana et se dit « content d’avoir » l’Autoportrait au père absent, dont il lit le début [l'écouter]  :
 
Tôt le matin la fauvette 
– on la devine déjà, c’est sa place 
sur la branche morte de l’acacia 
elle chante, elle appelle la benne 
qui ne tarde pas à venir 
broyer nos ordures de la veille – 
tôt sous la lune qui achève de fondre, 
[lire la suite
 
Ce sera enfin au tour d’un Jean-Luc Sarré malheureusement gêné par un refroidissement, de lire quelques pages de l’Autoportrait au père absent, pages de la seconde partie du livre 
 
Elle profite du soleil, lui offre ses vieux traits, 
frileusement vêtue de matin de janvier 
malgré la douceur de l’air, faisant quelques pas, 
les derniers peut-être, les avant-derniers sans doute, 
[...] 
                                                                                                    Florence Trocmé