Jusqu'à ce qu'ils me disent
Domaine : Français

Jusqu'à ce qu'ils me disent

Shoshana Rappaport

En librairie le 18 novembre 2022

16,00€

Ce livre est un recueil de notes de lecture publiées  entre 2007 et 2020. Elles concernent une trentaine d’œuvres d’écrivains européens, pour l’essentiel, français, anglais, allemand, suisse et russe (d’Emily Brontë à Muriel Pic). Si Shoshana Rappaport y évoque bien certaines affinités électives (Woolf, Plath, Tchekhov), l’absence de Marina Tsvétaïeva, qu’elle avait évoquée fraternellement dans un précédent volume, suffit à faire comprendre que ce recueil ne prétend en aucune façon à dresser un panorama exhaustif de ses goûts en littérature. En revanche, d’une lecture à l’autre – de la redécouverte enthousiaste des vers du Kamasutra au plaisir de lire les lettres de Beckett, Boussole, de Mathias Énard ou la Chronique des sentiments, d’Alexander Kluge – ce recueil ouvert aux quatre vents des sensations complète le portrait d’une lectrice sensible, au plus haut degré, à la matière émotive du langage. Les notes sont réparties entre quatre chapitres : « Demain, qui sait, nous serons libres », « Un autre usage du monde », « Fixer la beauté », « Tout près des oiseaux », qui chacun renvoie, plus ou moins, à une dimension du réel : amoureuse, géographique, esthétique, spirituelle. Ce qu’écrit Shoshana Rappaport de l’œuvre de J.-B. Pontalis révèle peut-être ce qui la retient dans ses lectures, et qu’elle voudrait mettre au jour : « entre le portrait d’un autre et un autoportrait, parler ‘‘davantage à travers soi que de soi’’. Au préalable, chercher à saisir l’état intermédiaire, tel entrelacs indistinct, où surgit une parole livrée au monde lorsqu’elle n’est pas entravée. » Au fil des notes (« vicissitudes de la lecture, errance ») surgissent des interrogations qui lui sont essentielles. Chez Shoshana Rappaport, l’art de la lecture est une autre façon de faire retour sur soi : « Peut-on dire non à sa propre vie ? », « Une femme peut-elle ou non renouer avec un ancien amant ? », « Le plaisir s’enseigne-t-il ? », « Comment parvenir à se ‘‘décentrer’’ sans se délester de ce que l’on est, partant de ce que l’on deviendra, rencontre faite ? », « De quoi (s’) est-on éloigné ? De quoi vit-on séparé ? », « En quoi la lecture dite ‘‘littéraire’’ est-elle cathartique ? » À ces questions délicates, qu’on se formule aux heures de souffrance, la lectrice oppose toujours une protestation de vitalité : « Amants soyez inventifs », conseille-t-elle à son lecteur. Dédié à sa fille, ce livre peut se lire comme une déclaration d’amour à la vie sous toutes ses formes. Reprenant à son compte une notion d’Hélène Merlin-Kajman, l’auteur se propose de « de défendre, non pas un patrimoine littéraire, non pas un corpus prescrit, mais une zone privilégiée, une zone à défendre (ZAD), dans laquelle les échanges peuvent et doivent avoir lieu, espace ouvert, nécessaire, sans lequel il n’y a pas de littérature. »

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