Études - n°412/4 - G. K. Chesterton : Robert Browning

 Études - n°412/4 - G. K. Chesterton : Robert Browning
01 avril 2010

G. K. Chesterton : Robert Browning

La voix de Robert Browning, nous dit G.K. Chesterton de façon étonnament moderne, est « abrupte, imprécise, allusive et lacunaire ». Cette biographie du « plus grand poète de la joie », Robert Browning (1812-1889), fut d'abord publiée en 1903. G.K. Chesterton (1874-1936) n'était alors qu'un jeune écrivain peu connu, et l'éditeur, Macmillan, prenait un risque en demandant à un tel auteur de contribuer à sa série « Les hommes de lettres anglaises ». Contre toute attente, le livre rencontra un énorme succès. Cette biographie, ou monographie, comporte une dimension autobiographique, G.K. Chesterton y mettant beaucoup de lui-même ; le biographe, polémiste né, voyait sans doute dans l'immense combativité de R. Browning un reflet de la sienne. Poète lui-même, il analyse de façon passionnante, mais sans entrer dans les détails techniques, les qualités et bizarreries métriques et rythmiques de la poésie de R. Browning. Pour en souligner la singularité, il va jusqu'à réécrire en browningien des vers de Tennyson, ou à pasticher quelques vers de R. Browning en style « poétique ». G.K. Chesterton est également sensible aux questions morales qui sous-tendent certains poèmes. Par ses fameux monologues dramatiques, R. Browning donne la parole aux hypocrites et aux médiocres : il leur donne d'exprimer leur part de vérité et de bonté. « Une sorte de policier cosmique qui pénétrait dans les officines les plus infâmes et taxait publiquement de vertu les canailles », irrésistible !

                                                                                                                      Adrian Grafe