Jacques Callot se raconte
Au début du XVIIe siècle, l'un des plus grands graveurs de tous les temps va imposer son art en Europe. Mais si son œuvre a été décortiqué et analysé depuis belle lurette, on ne sait pas grand-chose de la vie de Jacques Callot. Ou plutôt on ne savait pas grand-chose puisque Paulette Choné s'est attelée à un curieux mais remarquable exercice : écrire les mémoires apocryphes de l'artiste. Ainsi Renard-Pèlerin (un titre énigmatique mais qui est rapidement expliqué…) parcourt-il toute la vie de Callot, depuis une fondamentale vision onirique jusqu'aux considérations bouleversantes d'un Callot vieillissant sur la guerre, en passant par l'Italie, les cours des puissants, etc.
Paulette Choné justifie son périlleux exercice dans une postface où elle explique comment son livre est un va-et-vient entre l'historiographie avérée et un imaginaire « emprunté » aux gravures de Callot. Comme si l'homme Jacques Callot était dissimulé, par petits coups de burin, dans ses œuvres. D'ailleurs, note-t-elle, les biographies de ses contemporains Félibien ou Baldinucci oscillaient déjà entre faits réels et affabulations. Résultat : un récit brillant, savant, à la langue goûteuse, dans lequel il faut se laisser emmener comme dans une gravure.
Jacques Sterchi