Libération - Recension par R. M.

 Libération - Recension par R. M.
23 janvier 2016

« Les Stades immédiats de l’éros »

« Mozart immortel ! À toi je dois tout, la perte de ma raison, le saisissement de mon âme, l’épouvante au plus profond de mon être ; à toi je dois de ne pas avoir parcouru la vie sans que rien fût capable de m’ébranler ; à toi je rends grâces de ne pas être mort sans avoir aimé... » Qu’on ne se laisse pas tromper par le lyrisme : Kierkegaard donne en réalité une stupéfiante interprétation du Don Giovanni de Mozart, en deux textes tirés de la première partie de Enten... Eller (Ou bien... ou bien, traduit aujourd’hui par L’Alternative), où étaient posées les bases de la philosophie de l’existence dont le penseur danois est le fondateur. Ce que Mozart « nous apprend à discerner », c’est le « classement des stades de l’éros immédiat » et la musique a pour « objet absolu » la « génialité sensible » : c’est donc le rapport entre éros et musique qu’étudie Kierkegaard, en utilisant paradoxalement « la voie du raisonnement » alors que seule la musique peut prouver que « la génialité sensuelle est l’objet de la musique ».

R. M.