Terrestres
Domaine : Français

Terrestres

Denis Rigal

Format : 135 x 205 mm
112 pages

ISBN : 978-2-35873-054-9

Mise en vente : 22 mars 2013

18,00€

Les poèmes de Denis Rigal posent, dans une langue qui ne craint pas d’être altière, la question de ce que signifie la beauté dans un temps de détresse, alors que plus personne ou presque n’ose la célébrer, et dans un monde exclusivement « terrestre » qu’aucun espoir d’un quelconque au-delà ne traverse. L’âpreté de cette situation du poète se trouve superbement reflétée dans les paysages du Finistère que Rigal habite depuis près de cinquante ans.

Face à l’océan et à sa violence rageuse (il arrive qu’on songe, en lisant Terrestres, au Hugo des Travailleurs de la mer), face aux destructions du temps et aux violences de l’histoire, il faut néanmoins « fructifier pour l’abîme », comme le figuier du beau poème consacré au site de Vélia en Campanie. Il y a, dans ces poèmes, comme dans ce pays « où l’on vit de peu », une réduction à l’essentiel proche de ce que pratiquait Giacometti, évoqué dans « Matière ». Rigal déclare lui-même : « Sa poésie tend de plus en plus à abandonner ce qui lui paraît accessoire ou frivole (le moi lyrique, les jeux de mots, les artifices de langage) pour tendre à un dépouillement dont les modèles – inaccessibles, certes, mais à quoi bon viser la médiocrité ? – seraient le Dante de la fin du Purgatoire ou le T.S. Eliot des Quatre Quatuors. »

Mais, dans un renversement qui est le propre de la poésie, c’est dans la mesure même où il ne dissimule pas « les pierres noires du désastre », que les moments de grâce, la subtile innocence de la lumière, « cet or léger » qui peut nous parvenir dans une musique, dans un signe du paysage (la merveille du « Loriot ») et la voix même du poète, peuvent être légitimement rendus à leur splendeur, même s’ils « ne prouvent rien ».

 

                                        « cette voix mate
du premier temps : tu l’as au corps depuis
toujours et dès le seuil franchi elle enfle
au vent d’ouest, t’insuffle et te soulève.
rien ne se fige ; il se fait dans l’air vif,
au bord extrême, une danse des choses,
une allégresse (et même pour celui
qui fut jeté dans la douleur du monde)
une lumière où les très blanches ailes
au vent rebroussent,
                                        inventent leur fragile
dessin-destin sur le ciel provisoire. »

                                           Denis Rigal, Terrestres, « Temps de parole », 11.

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